Plus fréquemment utilisé en thermodynamique qu’en management de projet, la notion d’irréversibilité mérite que l’on s’y intéresse. L’irréversibilité croissante au cours de l’existence d’un projet est une caractéristique mentionnée dans les manuels et la littérature de gestion et de management de projet. Mais bien souvent, il s’agit d’une irréversibilité subie ou contingente plutôt que voulue ou gérée.
« Comment rendre le projet irréversible ? »
Le terme est plus souvent employé dans les projets politiques ou urbains. Ceux-ci ne se développent que sur des durées qui se mesurent en années ou dizaines d’années et ils sont très fragiles dans leurs phases initiales. Par nature, ils ont également vocation à être conduits par de nombreux acteurs et nécessitent généralement un large consensus parmi les personnes concernées pour aboutir. On comprend pourquoi, dans ces domaines, les initiateurs mettent tout en oeuvre pour enclencher de manière irréversible leur projet. Leur rôle est limité par le temps d’un mandat électoral ou leur présence à un poste clef qu’il est très rare ou très peu probable de conserver de longues années. Ils ne peuvent donc que donner l’impulsion initiale.
« Donnez le sahara à un mauvais chef de projet, et dans deux ans, il aura besoin d’aller acheter du sable ailleurs. »
Une autre dimension de l’irréversibilité est la conscience de plus en plus aïgue de la finitude des ressources que nous consommons. Certaines d’entre-elles sont renouvelables si elles sont correctement gérées, d’autres sont clairement limités. Le franchissement un seuil d’irréversibilité dans l’utilisation d’une ressource est un indicateur particulièrement pertinent mais trop souvent négligé. Le déclenchement de processus que l’on ne pourra plus arrêter est très souvent fait sans aucun contrôle ni maîtrise.
Enfin, dans le domaine de la gestion des coûts, la notion d’engagement irréversible peut-être utilement mise en avant dans les tableaux de bord, pour pondérer les différents postes d’un budget. Dans certains cas, cet éclairage peut être utile à la décision et compléter les représentations classiques « budget, engagement, paiement » et les calculs d’analyse de la valeur acquise.